Retrouvez-nous le week-end du 13 et 14 Juin au Petit Marché Comme à la Maison !
Pour cette deuxième édition nous vous donnons rendez-vous à Combovin chez Mélanie et François au 205 Grande Rue.
Le principe ? Un marché de créateur.ices s’installe chez des particuliers le temps d’un week-end afin de vous faire découvrir les talents des artisan.es de notre région ! Un moment de détente et de convivialité assuré !
La saison a bel et bien décollé ! Les abeilles loin d’être confinées s’en donnent à cœur joie et me voilà qui cours à droite à gauche pour changer des reines par-ci, ajouter des hausses par là. Qu’est ce que c’est beau le printemps ! La Drôme regorge de fleurs ; après les abricotiers, les prunus, le colza, les cerisiers et en ce moment les acacias et le thym qui commencent tout juste à fleurir !
Le doux plaisir de retrouver les abeilles après l’hiver
La semaine dernière j’ai fait mes premières récoltes de miel de printemps (essentiellement fleurs de colza, pissenlit, abricotier et cerisier) et de toutes fleurs (une miellée surprise dont la fleur m’est inconnue a assombri ce miel pour lui donner une note de fruits rouges – un bijou !).
Ce mois-ci j’ai fait des recherches -expérimentales- sur l’élevage de reines afin de trouver une technique qui me convienne. Faire de l’élevage de reine me permet de multiplier des colonies (souches) que je sélectionne selon leur capacité à se développer rapidement, leur production de miel, le stockage de provision dans le corps de la ruche et leur douceur (bien-sûre! ).
La reine marquée en jaune
Pour élever des reines je récupère des larves de quelques heures dans mes ruches souches que je prélève (on appelle ça le greffage) grâce à un outil spécial pour les placer dans des cupules (petit réceptacle cylindrique de 10mm de diamètre) et les place sur un cadre d’élevage dans une ruche orpheline (sans reine). Cette ruche orpheline va élever les larves sélectionnées pour en faire des reines afin de palier à son manque et au bout de 10 jours je pourrai introduire ces cellules royales dans de nouvelles colonies et ainsi faire de nouveaux essaims avec une reine choisie. Pour le greffage après avoir essayé le picking chinois, le rayon de vélo et l’emporte pièce j’ai finalement jeté mon dévolu sur le pinceau ! Doux et efficace il me permet de prélever la larve facilement avant de la déposer dans la cupule au fond de laquelle je met une petite goutte d’eau.
J+4 les abeilles ont étiré la cire des larves qu’elles ont acceptées, elles les élèvent en tant que reines
Cadre d’élevage de reines, greffage au pinceau 22/27 acceptées !!!
Avril est là et le soleil aussi ! Les colonies se développent à grande vitesse. Confinement ou pas rien ne les arrête ! C’est le moment de mettre des hausses et de rééquilibrer les colonies. Certaines ruches se développent plus vite que d’autres ; parfois trop vite. Rapidement elles se retrouvent à court de place dans la ruche pour stocker la profusion de pollen et de nectar offert par les fleurs de pissenlit et de colza. Alors j’enlève un cadre de couvain par ci par là pour le transférer dans des ruches moins fortes afin de calmer les ardeurs des plus rapides. Si je ne suis pas assez rapide les abeilles bâtissent dans le nourrisseur (photo ci-dessous). C’est toute une question d’équilibre : laisser assez de couvain pour que la population de la ruche soit assez forte pour aller chercher la miellée et faire de la place à la reine pour qu’elle puisse exprimer sa ponte sans contrainte, avec le risque qu’elle essaime si la colonie est trop populeuse.
En période de développement les abeilles occupent tous les espaces libres de la ruche. Ici elles ont bâti dans le nourrisseur.
C’est aussi le moment de changer des reines et de faire des essaims : il y a à nouveau des mâles dans les ruches ! Alors je regarde la météo, ils annoncent de la pluie la semaine prochaine, ce n’est peut-être pas le bon moment pour commencer un élevage… Comment faire pour récolter mes cellules à 10 jours s’il pleut ? Comment orpheliner des colonies par temps orageux ? Mais va-t-il vraiment pleuvoir ? On manque d’eau dans la région ; ce serait une aubaine, et ça relancerai les floraisons. Mais si j’attends les colonies les plus fortes risquent de se sentir à l’étroit et d’essaimer au premier rayon de soleil… Il faut que je fasse des choix, vite, et les bons ! C’est à la fois excitant et stressant. Les abeilles n’attendent pas et si je n’interviens pas au bon moment après ce sera trop tard… !
Abeilles sur couvain fermé
C’est ce que j’adore avec l’apiculture, chaque saison : une nouvelle donne qui m’oblige à faire des choix stratégiques que je pondère entre ce que j’ai appris, mon éthique et mon ressenti. Sentir quand c’est le bon moment pour intervenir… et comment intervenir… Chaque ruche est une histoire, une personnalité, une dynamique, une reine. Pourquoi enlever un cadre de couvain à celle-ci et pas à celle là alors qu’elles ont le même nombre de cadres de couvain ? Je sais pas…sa dynamique, l’âge de la reine, je l’ai senti comme ça…! Le flair de l’apiculteur.ice… à aiguiser, avec l’expérience, progressivement, apprendre… ! Apprendre dans le concret, les mains dans les ruches, quelques piqûres par-ci par là quand je fais des erreurs, mais surtout, beaucoup, beaucoup de douceur. Acquérir de la dextérité pour être plus rapide, plus efficace. M’organiser mieux, pour moins me fatiguer et ne pas perdre de temps, moins stresser. La théorie c’est une chose, elle est nécessaire, essentielle, mais j’ai envie de trouver ma manière de pratiquer l’apiculture. On m’a appris ce qui « marche », maintenant je cherche ma voie dans tout ça… Tout un programme !
Nous sommes au mois de Février et voilà que ça sent le printemps ! Les abricotiers commencent à bourgeonner alors que le mimosa s’épanouit. 17 ° indiquait le thermomètre aujourd’hui ! Les abeilles sont de sortie !
Le temps d’un passage sur les ruches pour faire le point rapidement, sans trop vouloir les déranger.
Voici les questions que je pose aux abeilles : avez vous survécu ? Êtes vous assez populeuses pour vous tenir chaud ? Votre reine a t’elle repris sa ponte ? Avez vous assez de nourriture ? Je regarde les cadres par au-dessus. Si j’ai des doutes, je tire un cadre, je vérifie le couvain. Si leur bonne santé est évidente, je referme doucement. Un faux mouvement et je perds ma reine ; ma colonie. A cette époque de l’année il n’y a pas encore de mâles (les faux-bourdons), si je perds la reine, c’est fini pour elles.
J’ajoute du candi (pâte de sucre) à celles qui en ont besoin. Je décale les partitions pour faire de la place à celles qui se développent rapidement. Je resserre les petites qui ont besoin d’aide pour se maintenir au chaud.
Je fais le point sur les mortalités… c’est jamais un moment agréable de se rendre compte qu’une colonie n’a pas survécu à l’hiver. Souvent je me mords les doigts. Je vois les annotations que j’ai fait sur le toit… Souvent je ne suis pas intervenue quand j’aurais dû. A force de ne pas trop vouloir intervenir et faire confiance en la nature j’oublie mon rôle d’apicultrice. Et je me souviens de Pierre qui me disait que l’hivernage se prépare dès Juin… A force d’erreurs je commence à comprendre…