
Avril est là et le soleil aussi ! Les colonies se développent à grande vitesse. Confinement ou pas rien ne les arrête ! C’est le moment de mettre des hausses et de rééquilibrer les colonies. Certaines ruches se développent plus vite que d’autres ; parfois trop vite. Rapidement elles se retrouvent à court de place dans la ruche pour stocker la profusion de pollen et de nectar offert par les fleurs de pissenlit et de colza. Alors j’enlève un cadre de couvain par ci par là pour le transférer dans des ruches moins fortes afin de calmer les ardeurs des plus rapides. Si je ne suis pas assez rapide les abeilles bâtissent dans le nourrisseur (photo ci-dessous). C’est toute une question d’équilibre : laisser assez de couvain pour que la population de la ruche soit assez forte pour aller chercher la miellée et faire de la place à la reine pour qu’elle puisse exprimer sa ponte sans contrainte, avec le risque qu’elle essaime si la colonie est trop populeuse.

C’est aussi le moment de changer des reines et de faire des essaims : il y a à nouveau des mâles dans les ruches ! Alors je regarde la météo, ils annoncent de la pluie la semaine prochaine, ce n’est peut-être pas le bon moment pour commencer un élevage… Comment faire pour récolter mes cellules à 10 jours s’il pleut ? Comment orpheliner des colonies par temps orageux ? Mais va-t-il vraiment pleuvoir ? On manque d’eau dans la région ; ce serait une aubaine, et ça relancerai les floraisons. Mais si j’attends les colonies les plus fortes risquent de se sentir à l’étroit et d’essaimer au premier rayon de soleil… Il faut que je fasse des choix, vite, et les bons ! C’est à la fois excitant et stressant. Les abeilles n’attendent pas et si je n’interviens pas au bon moment après ce sera trop tard… !

C’est ce que j’adore avec l’apiculture, chaque saison : une nouvelle donne qui m’oblige à faire des choix stratégiques que je pondère entre ce que j’ai appris, mon éthique et mon ressenti. Sentir quand c’est le bon moment pour intervenir… et comment intervenir… Chaque ruche est une histoire, une personnalité, une dynamique, une reine. Pourquoi enlever un cadre de couvain à celle-ci et pas à celle là alors qu’elles ont le même nombre de cadres de couvain ? Je sais pas…sa dynamique, l’âge de la reine, je l’ai senti comme ça…! Le flair de l’apiculteur.ice… à aiguiser, avec l’expérience, progressivement, apprendre… ! Apprendre dans le concret, les mains dans les ruches, quelques piqûres par-ci par là quand je fais des erreurs, mais surtout, beaucoup, beaucoup de douceur. Acquérir de la dextérité pour être plus rapide, plus efficace. M’organiser mieux, pour moins me fatiguer et ne pas perdre de temps, moins stresser. La théorie c’est une chose, elle est nécessaire, essentielle, mais j’ai envie de trouver ma manière de pratiquer l’apiculture. On m’a appris ce qui « marche », maintenant je cherche ma voie dans tout ça… Tout un programme !
